COVID-19 au(x) Sud(s) | Bolivie : résistance et solidarité des femmes

Pour Graciela Lòpez, de REMTE Bolivie, la crise sanitaire actuelle démontre les limites du système capitaliste, patriarcal et colonial dans toutes les sphères de la vie sociale, économique, culturelle et politique.  En effet, non seulement ce système donne la priorité au capital, mais il invisibilise également le travail reproductif des femmes. 

La pandémie, quant à elle, rend visible la fragilité et la vulnérabilité de la vie dont le capital ne s’est jamais soucié. Les systèmes de protection sociale inexistants ou totalement précaires en témoignent. En Bolivie, en plus d’être quotidiennement victimes de multiples inégalités, les femmes réalisent des doubles voire des triples journées en prenant en charge le care et le travail domestique. 70% des femmes travaillent dans le secteur informel et doivent chaque jour sortir dans la rue pour gagner leur vie, peu importe les risques encourus en raison du COVID19.

Des alternatives émergent pourtant, qui démontrent la résistance des femmes face aux nombreux obstacles qu’elles rencontrent, tels que la difficulté d’accès à la terre, à l’eau ou aux semences, la violence, l’absence de politiques publiques en leur faveur… Grâce à la petite économie paysanne et à l’agroécologie, elles ont pu nourrir la population des villes et ont même parfois fait don d’une partie de leur production dans une démarche solidaire.

« Le gouvernement néolibéral de Bolivie profite du confinement pour prendre des mesures contre la nature, la terre, la souveraineté alimentaire, la biodiversité, les semences indigènes, les petit·e·s agriculteur·ice·s… » souligne Graciela Lòpez. Les politiques gouvernementales profitent par ailleurs à l’agro-industrie et aux sociétés transnationales, comme le décret n° 4232 qui vise à simplifier les procédures pour l’introduction d’OGM dans le soja, le maïs, le coton et le blé.

Violences et pauvreté

Les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de COVID19 obligent à un confinement sévère. Or, comme le rappelle Miriam Suàrez, fondatrice et ex directrice de la Casa de la Mujer, beaucoup de Bolivien·ne·s  vivent dans des petits espaces. Ainsi, la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber la violence de la pauvreté, de l’accès difficile à l’alimentation et à la pension.

« Quand le gouvernement fait la promotion du gel et des masques alors que les gens n’ont pas à manger, le choix entre le gel et le pain est vite fait »

Selon des études récentes, la majorité des cheffes de famille monoparentales sont des femmes qui travaillent dans le secteur informel et sont très souvent endettées. Avec la pandémie, ces femmes ont perdu leurs sources de revenus. « La situation est dramatique », explique Miriam qui témoigne d’une augmentation des contrôles policiers et militaires. « L’État semble ne pas vouloir répondre, il y a des « sujets plus importants ». Heureusement que des liens de solidarité via des initiatives citoyennes se sont mis en place » conclut-elle.

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