La pêche a longtemps fonctionné dans un système d’exploitation familiale avec une division sexuelle du travail très nette : les hommes s’occupent de l’activité de la pêche et les femmes s’adonnent à la vente de produits frais et à leur transformation. Le secteur de la pêche occupe une place centrale dans l’économie sénégalaise et constitue une source de revenus pour les hommes, les femmes et les recettes de l’État. C’est également la première source de protéines dans l’alimentation des Sénégalais. Pourtant, les femmes sont pour la plupart exclues des cadres de concertation, des processus locaux et nationaux de décision et des stratégies de développement de la pêche.
Or, ignorer les femmes dans l’élaboration des politiques les concernant a des conséquences sur la sécurité alimentaire des personnes qui en dépendent. Enda Graf Sahel a réalisé une étude sur le sujet avec les femmes du secteur en 2012 et 2013, mettant en exergue les enjeux politiques et économiques actuels.
Enda Graf accompagne depuis de nombreuses années le REFEPAS, le Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal.
- Le Réseau s’organise pour exercer des pressions sur l’État et ses politiques basées sur l’exportation des ressources halieutiques. Le gouvernement sénégalais a octroyé ces dernières années de nombreuses autorisations de pêche aux navires étrangers qui, en plus de polluer les eaux, exercent une pression énorme sur les ressources halieutiques, risquant de mener à la disparition des espèces.
- Elles demandent la réglementation de la profession des transformatrices et une protection juridique. Les femmes transformatrices assurent la nourriture des populations et favorisent l’accès démocratique et durable aux ressources halieutiques. Les exportations ont poussé à la construction d’usines qui sont de véritables concurrentes pour elles et qui augmentent drastiquement le prix des matières premières, en plus de leur usage non durable.
- Elles demandent le soutien à leur réseau afin qu’elles puissent promouvoir les bonnes pratiques traditionnelles des femmes dans le domaine de la protection des ressources et de leur conservation (encourager les mesures de gestion, la protection des mangroves, le suivi bioécologique, le repos biologique). Pour cela, elles demandent à être présentes dans les espaces de décision afin d’intégrer cette approche dans les différents programmes de la pêche.