À Kinshasa (RDC), le Covid19 impacte non seulement la santé mais également l’économie des ménages. En conséquence, beaucoup de familles seront contraintes de choisir quel enfant envoyer à l’école, souvent au détriment des filles.
Le quartier résidentiel de la Gombe – épicentre de l’épidémie selon les autorités sanitaires – a subi des mesures de confinement drastiques. De nombreux bureaux, entreprises et petits commerces y ont été fermés par mesure de sécurité. Des entreprises privées telles que la société de téléphonie Vodacom ont donc du procéder à des licenciements massifs, particulièrement de jeunes (entre 22 et 39 ans) dont beaucoup de filles et de femmes.
Les mesures de confinement combinées aux licenciements ont deux implications majeures. Tout d’abord, sur l’économie du ménage. En effet, la survie économique de la famille repose sur les femmes, qui travaillent en grande majorité dans la sphère informelle. Au sein du ménage, lorsque les hommes perdent leurs emplois, les femmes doivent leur céder une grande partie de leur capital financier.
Deuxièmement, les hommes n’ayant plus d’emploi sont davantage présents dans l’espace domestique. Les conséquences sont nuancées : dans certains cas on observe plus d’implication de leur part dans les tâches reproductives. Ailleurs, on constate une accentuation des inégalités et des violences basées sur le genre. Des cas de prostitution forcée de femmes et de jeunes filles issues de familles en situation de précarité économique ont notamment été observés.
Des impacts plus lourds pour les femmes
Au niveau sanitaire, les pharmacies ont des difficultés d’approvisionnement, entre autres de produits hygiéniques et de contraception, engendrant des craintes d’une augmentation des grossesses et du nombre d’avortements clandestins. Vient se rajouter à cela le manque de mesures de sécurité dans les hôpitaux publics, ce qui dissuade les femmes d’aller consulter, notamment pour des soins post-avortement.
En conclusion, l’impact économique au sein des ménages aura des implications pour les générations présentes et futures. Les ménages vivant dans un contexte socio-économique fragile ne pourront pas garantir la scolarité de tous leurs enfants à la rentrée. Beaucoup de familles vont devoir faire des choix sélectifs en termes d’éducation, en privilégiant bien souvent les garçons.
Si Jeunesse Savait craint que la situation générée par le COVID-19 marque un pas en arrière dans la lutte pour l’égalité de genre à Kinshasa, et en RDC plus globalement. Avec d’autres organisations, ils demandent au gouvernement de reconnaître le travail des femmes, également dans le secteur informel, et ainsi leur garantir une sécurité sociale. En outre, les organisations de la société civile demandent que la santé publique soit plus accessible à tou·te·s afin d’assurer les soins de la population et de garantir les droits sexuels et reproductifs de chacun·e, en temps de pandémie comme en temps normal.