Masculinités toxiques ? Ekoki : « Assez » en Lingala

Éradiquer les violences basées sur le genre et tendre vers une égalité entre les femmes et les hommes : c’est l’objectif de Si Jeunesse Savait (SJS) en République Démocratique du Congo. Depuis janvier 2019, l’association s’investit, à travers le projet EKOKI mené en collaboration avec Le Monde selon les femmes et subventionné par la Région de Bruxelles-Capitale, dans les écoles et campus universitaires pour déconstruire les pratiques toxiques de masculinité. Au cœur de leur démarche : faire des jeunes hommes des véritables acteurs pour l’égalité.

 

Contexte du projet

La République démocratique du Congo (RDC) est un des pays qui fait face au plus haut taux de violence envers les femmes. Selon le rapport Genre du Ministère du Genre, Famille et Enfant, deux femmes sur trois en sont victimes. Les mouvements sociaux ont réussi à générer des initiatives au niveau politique pour faire face à la situation. La RDC a, par exemple, consacré en 2006 le principe de la parité femme-homme dans sa constitution. La même année, une loi a été promulguée contre les violences sexuelles, reconnaissant le harcèlement sexuel et le viol comme des crimes.

Pourtant, les associations féministes constatent que ces textes restent méconnus et peu appliqués. La situation de violence à l’égard des femmes se perpétue et les inégalités continuent de s’accroître. Les conflits armés ont notamment entraîné des violations de droits humains et des violences sexuelles commises sur des femmes, des hommes et des enfants. L’instabilité et l’insécurité, la succession des déplacements de populations sont également des facteurs qui perpétuent l’inégalité.

Selon une note d’analyse sur l’inégalité du genre et les institutions sociales en RDC, les inégalités limitent l’accès des femmes et des filles à l’éducation, à la formation, et plus tard à la prise de décision et au pouvoir économique. Elles accroissent leur dépendance économique et sociale aux hommes et les exposent à des risques accrus de violences sexistes et sexuelles pour lesquelles elles sont ensuite fortement stigmatisées.

Des jeunes contre les violences basées sur le genre

Kinshasa est une ville de plus de 10 millions habitant·e·s,  dont plus de 60% a moins de 24 ans. En plus des violences urbaines, fortement présentes dans les communes « dortoirs », on remarque que le harcèlement sexuel en milieu scolaire et universitaire est fortement présent – même si invisibilisé. À ce jour, près de 70% des jeunes filles de moins de 24 ans ont été victimes de violences sexuelles.

Dans ce contexte, l’association communautaire Si Jeunesse Savait travaille sur la prévention des violences basées sur le genre en conscientisant les (jeunes) hommes à cette problématique. Pour ce faire, elle les implique comme « acteurs» dans l’éradication de ces violences, ainsi que pour  l’égalité entre les femmes et les hommes.

Construire des masculinités positives

À travers des « clubs » de jeunes garçons dans les écoles du quartier de Kimbanseke, Masina, Ndjili et Bandalungwa, SJS déconstruit un modèle hégémonique de masculinité où les hommes, pour prouver leur virilité, recourent à des actes des violences afin de démontrer leur force et supériorité. Ce modèle banalisé est considéré comme légitime et permet au groupe des hommes de tirer des avantages de la subordination des femmes.

Parallèlement, ce projet organise des « clubs » de jeunes filles en leur proposant des stratégies d’empowerment. À partir, entre autres, de stratégies d’autodéfense face aux harcèlements : comment y faire face ? Comment s’en sortir ?

Enfin, Si Jeunesse Savait s’engage à sensibiliser les jeunes garçons à d’autres modèles dits « positifs » : des formes alternatives d’être homme qui reconnaissent les hommes, les femmes, les filles et les garçons comme des êtres humains égaux et invitent les hommes à participer à des sociétés égalitaires, inclusives et capables d’offrir les mêmes opportunités pour tout le monde.

Et pour aller plus loin

  • Les essentiels du genre – Genre et masculinités : pour analyser les relations de pouvoir entre les femmes et les hommes et identifier les attitudes ou comportements discriminatoires qui renforcent les inégalités.
  • Recherche & Plaidoyer – Masculinités en transition : déconstruire la conception singulière et stéréotypée de la masculinité dite hégémonique ou encore toxique à travers les rapports sociaux de genre comme grille de lecture incontournable.
  • Carrés genre – Masculinités : un outil pédagogique pour échanger sur d’autres façons de concevoir et de vivre les masculinités, et amener une réflexion sur la place des hommes comme alliés dans les combats féministes.
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